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POÉSIES ESPAGNOLES EN FRANÇAIS

20 février 2018

MALÉDICTION

Il te faudra vivre loin du soleil.

Tu habiteras le sud
tu t’appelleras Miguel
et tu auras dans ta voix
le murmure de la Méditerranée
et le don de la parole.

Tu seras beau Miguel
(tout bon guerrier doit être beau).
Le soleil de tes aïeux sera ton histoire.
Pour que brille ton regard
tu auras de la haine.
Tu devras être aimable et délicat
car lorsque éclatera la guerre
mon fils
tu t’occuperas des enfants.

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Miguel Oscar Menassa

traduit de l'espagnol par Claire Deloupy

du livre YO PECADOR

www.editorialgrupocero.com

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20 février 2018

CONSEIL II

Il ne faut pas craindre : la mer est pour tous.
À marée haute se laisser porter
ne pas faire de mouvements contradictoires.
À marée basse tout laisser livré à l’imagination. 

Il faut que la mer 
soit navigable dans tous les cas.

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Miguel Oscar Menassa

traduit de l'espagnol par Claire Deloupy

du livre YO PECADOR

www.editorialgrupocero.com

19 février 2018

L’HOMME VOLE, SE FAIT NOSTALGIE, VOLE

Ce n’est pas moi qui viens l’écrire si je suis l’Autre.

Je viens vivre tapi en attendant le son.

L’apparition brusque d’une trace laissée de côté.

Je viens transparent, avec le désir d’être traversé.

Je me laisse être, je laisse la soif avancer jusqu’au délire.

Quand la bouche sèche, quand le désert, quand mon père,

quand la triste mort compagne cesse de hurler,

je tends, tranquillement, mon regard sur tout l’impossible.

Et ce n’est pas que commence le vers ou que j’essaie de l’écrire.

Il y a quelque chose qui m’arrive que je n’enregistre pas,

un feu sans lumière,

un tumulte intérieur, quelque chose de plus que mes mots.

Et ainsi, sans les écrire, j’écris des vers.

Il y a soudain, des choses, dans mes mains, qui ne sont pas moi.

Il y a soudain, des choses, dans le monde, qui ne sont pas ma vie.

 

de Miguel Oscar Menassa

Traduit en français par Claire Deloupy

 

19 février 2018

JE LE DIS AVANT QU'ON ME LE DEMANDE

Je le dis avant qu’on me le demande.

Je suis impressionné, ce qui se passe dans le monde
me dépasse.
Il y a des jours où l’on n’écoute
rien d’autre que le fracas des batailles.
La musique est les pleurs d’un enfant
demandant du pain.
Je n’aime que la pierre qui me protège
des balles ennemies.
L’homme actuel ne désire
qu’avoir une arme
plus puissante que l’ennemi.
L’homme actuel veut être Dieu
mais il n’arrive pas à tant.

Pour imposer le bien il utilise le mal,
tout le pervers, les assassinats.

Pour imposer le bien, il oublie la beauté
et avec la liberté il fait un drapeau
pour lutter contre la liberté.

Je vis un peu impressionné
et sans être pessimiste, je peux assurer
que l’homme ne peut plus dormir,
des avions incendiaires le poursuivent,
des plans extravagants de villes
secrètement cachées dans la pierre.

L’haleine d’un tigre le poursuit,
sous les draps, dans l’air.

La haine le poursuit, la haine des victimes
et il ne peut pas dormir parce que la nuit,
la haine des assassins le poursuit.

Et il n’est jamais tranquille
ni quand il mange, ni quand il vomit.

Parfois il est tranquille avec sa bien-aimée,
traversant le dimanche à l’heure du café,
alors, de la télévision, après accord commun,
on lui envoie un missile super-intelligent
qui ne tue que des enfants qui jouent sur le trottoir
ou des mères distraites qui sont au supermarché
ou des pauvres vieillards sur leur fauteuil roulant.

 

Traduit par Claire Deloupy

Du livre Au sud de l'Europe de Miguel Oscar

 

 

 

 

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